La Ciguatera


La ciguatera est une intoxication alimentaire que l'on rencontre dans la zone caraïbe, dans les îles du Pacifique et dans l'Océan Indien. La maladie est liée à une toxine qui se concentre dans la chair et le tissu nerveux de certains poissons qui vivent dans le monde corallien et particulièrement dans les poissons carnivores tels que le barracuda, la carange, le poisson chirurgien, etc.



















Circonstances de survenue et manifestations

Le processus qui aboutit à la concentration de cette toxine dans les chairs de poissons à un niveau qui va pouvoir entraîner une manifestation clinique est un peu complexe. A l'origine, il y a prolifération d'un certain type de plancton dans les zones coralliennes à la suite d'un déséquilibre du biotope local à la suite notamment de tempêtes, ouragan ou de pollution au sens large du terme. Ces planctons anormaux sont consommés par des petits poissons chez lesquels commence à se concentrer la toxine. Ces petits poissons sont eux-mêmes mangés par des plus gros poissons chez qui la toxine se concentre encore davantage avant que ces poissons carnivores ne soient consommés par l'homme.
Après consommation de ces poissons dont la chair est porteuse de toxines, les manifestations apparaissent après une douzaine d'heures, mais parfois après quelques minutes seulement dans les intoxications massives ou, à l'inverse après plusieurs jours.
Les premiers symptômes sont : des sensations de fourmillement ou d'engourdissement autour de la
bouche et au niveau des mains.
Les sensations peuvent aller jusqu'à des sensations de brûlures ou de douleurs, notamment au contact avec l'eau froide. Il peut y avoir également des douleurs articulaires et des douleurs musculaires.
Puis apparaissent : des signes digestifs avec des douleurs de ventre, des diarrhées, des nausées et des vomissements. (c'est ce qu'on appelle la " gratte "). 
Dans les cas plus graves, heureusement rares, apparaissent des baisses de tension, des troubles cardiaques et des troubles neurologiques sous forme de paralysies qui peuvent être minimes ou, au contraire beaucoup plus importantes entraînant une gène à la marche, voire dans les cas très graves des paralysies respiratoires et des comas pouvant être mortels, bien que cela soit très rare.
Les symptômes durent en moyenne une huitaine de jours. Cependant, dans quelques cas, ils peuvent persister sur des périodes très prolongées (jusqu'à 6 mois, voire un an).
Il n'y a pas de traitement spécifique de cette affection qui cède en général spontanément ou à l'aide de certains médicaments adjuvants à faire en milieu spécialisé




AUCUN MOYEN DE LES DÉTECTER
Remontons la chaîne écologique. Tout commence avec la mort de récifs coralliens sous l'action de l'homme – par le biais du tourisme de masse ou lors du creusement d'un port, par exemple –, ou bien de cyclones. Le terrain va alors être colonisé par une algue elle-même propice au développement de Gamberdiscus, une micro-algue de la famille des dinoflagellés. C'est elle qui sécrète les ciguatoxines. Les poissons brouteurs s'en repaissent, avant d'être à leur tour mangés par de plus gros congénères qui finissent dans l'estomac des grands prédateurs : mérous, barracudas, murènes, loches, carangues, requins…Au fur et à mesure, la concentration en micro-organismes toxiques augmente, la dangerosité aussi.






Prévention

La prévention réside uniquement dans la non consommation de poissons, et
notamment des poissons carnivores qui pourraient être intoxiqués.
Il est très difficile pour le voyageur non averti de s'il y a un risque ou non puisque
celui-ci est très variable dans le temps. Le plus simple est donc de faire confiance
à la population locale qui en général, connaissant bien les circonstances de
déclenchement de ces " épidémies " de ciguatera, connaître les poissons qu'il faut
éviter dans les périodes à risque.
Dans les grands hôtels, l'habitude est d'éviter systématiquement les poissons les
plus à risque. A noter que la toxine responsable de la maladie est stable à la chaleur :
la cuisson des poissons ne permet donc pas d'éviter la maladie.


Pour la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Guadeloupe), une identification précise des espèces permet de limiter les risques d’intoxication aussi il convient que chacun, pêcheur ou consommateur, soit vigilant vis à vis des espèces pouvant présenter un risque, en particulier les pagres et les carangues :
Les pêcheurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, doivent savoir reconnaître sans faute les différentes espèces vénéneuses, ou susceptibles de l’être compte tenu de leur taille et les écarter de la vente et ne pas les consommer ;
Les consommateurs doivent être vigilants quant à l’origine du poisson qu’ils achètent, en évitant notamment l’achat d’espèces qu’ils ne connaissent pas auprès de vendeurs itinérants. En cas d’achat d’espèce dont on n’a pas l’habitude, il convient d’interroger le poissonnier ou le pêcheur afin de se faire préciser l’espèce ainsi que le lieu de pêche ;
Les professionnels de la restauration ne doivent pas commercialiser les espèces vénéneuses mentionnées sur la plaquette ci-dessus.
En cas de troubles digestifs ou autres après un repas, il convient de consulter son médecin rapidement et de conserver les restes du repas au congélateur ce qui permettra la réalisation d’analyses afin d’identifier l’origine de l’intoxication. En cas de problème vous pouvez contacter l’ARS de votre département.


Si la ciguatéra était jusqu’à peu considérée comme une problématique propre aux territoires insulaires et côtiers des mers chaudes, nous assistons depuis quelques années à une expansion progressive des zones ciguatérigènes, vers des régions plus tempérées et auparavant indemnes d'’Europe, de Corée et du sud de l'Australie...
C'est ainsi que des cas autochtones de ciguatéra (i.e. liés à la consommation de poissons pêchés localement) ont été répertoriés dans des nouvelles régions depuis le début des années 2000, notamment à Madère,aux îles Canaries, Vietnam, Indonésie, Malaisie, Macau, Thaïlande et Corée du sud.
L’émergence de ces nouvelles zones de risque ciguatérique pourrait trouver son origine dans les effets du changement climatique (réchauffement global) favorisant la prolifération, à l’échelle mondiale, des organismes toxino-producteurs et/ou la migration de poissons tropicaux et subtropicaux toxiques vers des régions plus tempérées.

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